Revue de presse

Une interviewe de François DUBET (1) dans POLITIS n° 1311, juillet 2014

« L’argument de l’atteinte à l’égalité est loufoque »

François Dubet fustige la rigidité du système éducatif français, arc-bouté sur le principe de l’unité de l’école.

Politis - Peu d’expériences pédagogiques alternatives sont menées dans le système scolaire traditionnel, et elles sont généralement découragées par l’Éducation nationale, alors même qu’elles ont prouvé leur « efficacité ».

Les enseignants peuvent-ils appliquer des pédagogies alternatives au sein de l’Éducation nationale aujourd’hui ?

François Dubet : - Le maître a toujours eu une grande liberté. Une fois que sa classe est fermée, il enseigne comme il veut. Heureusement, car si tous ces gens qui innovent, bricolent, essayent dans leur coin n’existaient pas, on fermerait l’école ! Mais ce n’est qu’une succession d’initiatives qui concernent un établissement, une petite équipe ou quelques pratiques individuelles, le système éducatif français reste extrêmement rigide. Les enseignants ont intériorisé cette rigidité. Souvent, ils sous-estiment la marge de manœuvre dont ils disposent.

L’innovation peut-elle être portée par des initiatives individuelles ou faut-il des « écoles différentes » ?

C’est très difficile pour un enseignant d’appliquer une pédagogie particulière seul. Un maître qui pratique dans sa classe quelque chose de complètement différent de ce que font ses collègues déstabilise les enfants plus qu’il ne les enrichit. Il faut une certaine unité pédagogique au sein des établissements.

Cela suppose aussi de laisser se développer des pédagogies conservatrices ou réactionnaires…

Oui, et voir si elles fonctionnent. Aujourd’hui, on vérifie surtout que la méthode des enseignants est « orthodoxe ». Et qu’importe si elle est efficace ou non. L’Éducation nationale gagnerait beaucoup à fixer des objectifs et laisser aux enseignants la liberté professionnelle d’y parvenir plutôt que de leur imposer des méthodes.

Mais ces écoles ont-elles déjà démontré leur efficacité ?

En général, les établissements alternatifs obtiennent de meilleurs résultats au brevet et au bac. Et parfois avec des élèves qui n’auraient jamais réussi dans l’autre système. Est-ce que ces résultats sont obtenus grâce aux pédagogies qu’ils suivent ou grâce à l’engagement professionnel considérable des professeurs ? La question reste ouverte. Mais il faut soutenir ces enseignants surinvestis. Ils travaillent plus, ils travaillent mieux et ils sont heureux de le faire. Aujourd’hui, quand des enseignants veulent créer un établissement atypique, ils se heurtent à des difficultés ahurissantes de la part du rectorat, des syndicats, etc. C’est un paradoxe : les établissements expérimentaux qui ont très souvent d’excellents résultats doivent affronter une armée d’évaluateurs alors que si un établissement normal a de mauvais résultats, il ne se passe rien.

Pourquoi l’Éducation nationale peine-t-elle à introduire des pédagogies alternatives ?

Il y a d’abord des blocages imaginaires. Dans le fantasme républicain, reste l’idée de Jules Ferry pouvant dire : «  Nous sommes mardi, il est 9 h  : dans toutes les écoles de France on enseigne Vercingétorix.  » On soupçonne toujours les enseignants qui créent des établissements atypiques de casser l’unité de l’école. En réalité, ce qui menace l’école républicaine, c’est qu’il y ait des établissements bourgeois ultra-efficaces et des établissements populaires ultra-inefficaces. L’inégalité est bien plus dangereuse pour l’idée républicaine que les pédagogies alternatives. Il y a aussi une résistance de la part d’une partie des enseignants eux-mêmes. Les pédagogies alternatives demandent plus d’heures de travail. Les mouvements corporatistes craignent que cet enseignement ne devienne la règle et que l’on passe de 18 à 35 heures de présence obligatoire. Par ailleurs, mettre en place des écoles différentes suppose de changer la manière dont les postes sont attribués. Il faudrait une affectation qui fasse correspondre les projets pédagogiques des enseignants et ceux des établissements. Or, cela est contraire à notre conception traditionnelle d’un enseignant qui peut exercer n’importe où grâce à l’orthodoxie pédagogique du système.

Justement. Les écoles différentes ne menacent-elles pas l’égalité au sein de l’éducation ?

Non, l’argument de l’atteinte à l’égalité est complètement loufoque. Faut-il faire l’apologie de la médiocrité pour assurer l’égalité ? Le fait qu’il y ait des établissements qui fonctionnent mieux que d’autres est une bonne nouvelle. Cela signifie que l’on pourrait faire en sorte que tous les établissements fonctionnent mieux. Je ne vois pas pourquoi il faut qu’on enseigne la même chose sur la totalité du territoire sous prétexte d’une égalité dont on sait qu’elle n’est qu’un décor. Aujourd’hui, les très grandes inégalités scolaires n’ont pas grand-chose à voir avec les pédagogies. Elles sont la conséquence du recrutement social des établissements, du dynamisme des équipes, de la carte scolaire, etc. Si on améliore la qualité pédagogique de l’offre scolaire partout, on réduira de fait les inégalités.

(1)    François Dubet est un sociologue français,et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il était professeur à l'Université Bordeaux II jusqu'à sa retraite en 2013. Il est l'auteur d'études consacrées à la marginalité juvénile, à l'école et aux institutions.

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Article paru le jeudi 19 juin 2014 sur le site enfantsdelavenir.org

rédigé par Laetitia

En février dernier, une poignée d’enseignants et parents d’élèves lançaient un appel revendiquant “Une école alternative gratuite et accessible à tous, choisie par les enseignants et les parents”.

A l’heure d’aujourd’hui leur pétition, adressée au ministre de l’Education Nationale, a déjà réuni plus de 13.000 signatures.

Il nous semble particulièrement important de soutenir et relayer cette initiative citoyenne qui appelle précisément au tournant éducatif dont notre société a besoin. Un enjeu de taille s’il en est !

Pourquoi cet appel ?

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Il part d’un double constat.

Le premier étant qu’ il existe un décalage entre l'offre et la demande. La pédagogie traditionnelle de l’éducation nationale ne répond pas aux attentes d’un nombre croissant de parents et en conséquence, ces derniers sont de plus en plus nombreux à souhaiter faire bénéficier leurs enfants de pédagogies alternatives. Or l'offre est actuellement limitée à des écoles privées encore trop rares et surtout trop onéreuses pour la plupart des familles.

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L’autre constat étant que de nombreux enseignants du public sont ouverts à ces alternatives, et souhaiteraient avoir les moyens de les mettre en pratique, mais ne sont à l’heure actuelle ni reconnus ni soutenus par l’administration dans leur démarche.

En conséquence, les signataires revendiquent ceci :

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“Nous demandons donc à l’Éducation nationale de prendre les dispositions nécessaires pour que chaque famille et chaque enseignant puissent, dans l'école publique et dans celles en partenariat avec l’Éducation nationale, enfin faire le choix entre un enseignement classique et un enseignement inspiré des réflexions des grands pédagogues tels que C.Freinet, M.Montessori, O.Decroly, R.Steiner-Waldorf, J.Dewey, J.Holt, P.Kergomard, J.Korczak …”

Ni plus, ni moins !

Afin que cet appel ne reste pas lettre morte, nous vous invitons à vous mobiliser à votre tour en signant la pétition, et en faisant suivre l’information sur vos réseaux sociaux. L’importance de cette mobilisation influencera sans aucun doute ses retombées.

Si vous pensez vous aussi qu’il est important que chaque enfant ait accès à une éducation respectueuse, merci de partager cet article !


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Article paru le mercredi 18 juin 2014 sur Education magazine
"la revue des parents et des enseignants"

Un appel pour les pédagogies alternatives

dans l'école publique

Rencontres

Écrit par Marièke Poulat  

Mercredi, 18 Juin 2014 10:40

ENTRETIEN. Lancé le 18 février dernier par un petit groupe  indépendant d'enseignants et de parents, l'Appel pour pouvoir choisir une alternative à l'école traditionnelle dans l'école publique a recueilli un peu plus de 13 000 signatures à ce jour. Bernard Collot, ex-instituteur, passionné de pédagogie et parent d'élève, s'est investi dans la rédaction et le lancement de cet appel.

Pouvez-vous résumer votre appel ?

Que tout parent et enseignant ait le choix, dans l'école publique, entre les deux grandes approches de l'école et des apprentissages (l'approche classique et l'approche alternative), et ce, dans des établissements qui leur soient dédiées.

Concrètement, il s'agirait de caractériser les établissements scolaires (ou une partie d'entre eux) par leurs approches particulières grâce au projet d'école : toutes les écoles doivent déjà le faire. Il suffirait de le développer, de situer l'école dans l'une ou l'autre de ces approches et de le communiquer. Puis d'imposer l'acceptation de ce projet à tout nouvel enseignant y demandant un poste. Le nombre d'enseignants pratiquant déjà des pédagogies différentes ou aspirant à les pratiquer est plus important qu'on ne l'imagine. Enfin d'informer tous les parents d'un secteur de leur existence et de leur projet pour permettre leur choix.

La répartition se ferait naturellement et ne serait pas plus compliquée que la carte scolaire habituelle. C'est d'ailleurs plus ou moins le cas en ce qui concerne les lycées, et cela ne choque personne ni ne pose de gros problèmes à l'administration pour le gérer.
Quelle est la genèse et qui sont les porteurs de cet appel ?

Le 30 janvier dernier, je publiais sur mon blog un nouveau billet dénonçant les batailles idéologiques au sein de l'école primaire et la possibilité de faire coéxister ces deux approches. De son côté, Emilie Roudier, une enseignante qui s'interrogeait sur son retour dans l'Education nationale, émettait l'idée d'une pétition et proposait une brouillon dans une liste de diffusion de profs et de parents. Une discussion passionnée s'en suivit, la rédaction était engagée... et l'appel lancé ! Un petit groupe de volontaires d'enseignants et de parents, dont je fais partie, s'est constitué et assure la partie matérielle et le suivi.
Quelles sont les deux approches dont vous parlez ?

D'un côté, il y a les approches de type classique. C'est une conception tayloriste de l'école, dans son organisation, dans sa rationalisation, dans les découpages du temps, des âges, des matières, dans la programmation des apprentissages, l'évaluation systématique de leur acquisition artificielle (donc de l'efficience de chaque opération réalisée). C'est le professeur qui est le centre, la clef de voûte et l'ordonnateur du système.

De l'autre, les approches alternatives, de type pédagogies actives, Freinet, Montessori... Elles partent de l'intérêt des enfants et de l'activité provoquée par ces intérêts, privilégient le plaisir à la contrainte, cassent la linéarité imposée d'un rythme commun des acquisitions, respectent les rythmes individuels, modifient l'organisation habituelle des classes et des écoles en allant vers des organisations coopératives, voire vers l'auto-organisation...

C'est une conception systémique où l'on s'attache aux conditions qui permettent l'enclenchement des processus individuels d'apprentissage. Pour prendre une image simple, il suffit de se remémorer comment chaque enfant a appris à parler. Il en est de même pour tous les autres apprentissages. Ces pédagogies s'attachent toutes à favoriser les interactions avec l'environnement, les interrelations entre enfants, entre enfants et adultes. Elles considèrent toutes que l'enfant est l'auteur de ses apprentissages, que leur source est dans la vie même de l'enfant, des enfants, quand on permet cette vie dans l'école, quand on permet qu'il en surgissent des intérêts et du plaisir. Elles tendent toute vers l'organisation coopérative, voire même vers l'auto-organisation (école du 3ème type).
Les pédagogies alternatives sont diverses...

Il y a effectivement, dans ces pédagogies, des différences dans les origines et les histoires, dans les modes d'organisation, dans le matériel spécifique utilisé (comme le matériel Montessori), les techniques utilisées (comme la correspondance ou le journal scolaire chez Freinet). Mais ces différences sont peu perceptibles pour les parents, parfois même pour les enseignants. D'ailleurs beaucoup d'écoles alternatives se réfèrent simultanément à toutes ces pédagogies, ce qui permet bien de les réunir toutes sous l'expression "approche différente". Ce qui les différencie dans leurs origines est peu important, chaque enseignant s'y lançant en faisant aujourd'hui plus ou moins une synthèse. Bien sûr qu'une école Montessori ne sera pas tout à fait la même qu'une école Freinet. Mais il y a aussi des différences, des nuances dans toute application de la pédagogie classique. Il n'en reste pas moins que ce sont deux mondes complètement différents qui ne répondent pas aux mêmes logiques..

La réception de l'appel

"Nous avons été très surpris par l'accueil qu'il a reçu, même si nous l'espérions ( pas loin de 13 000 signatures à ce jour). Il y a autant de professeur(e)s que de parents, futurs parents, anciens parents, beaucoup de psychologues aussi, de chercheur(e)s en sciences de l'éducation.

Depuis le lancement de l'appel, des organisations comme le Printemps de l'Education, RECIT (Réseau des écoles de citoyens) ou l'ACEPP (Association des collectifs, enfants, parents, professionnels), qui fédère 800 lieux d'accueil parentaux de la petite enfance, se sont engagées résolument et portent elles aussi cet appel. D'autre part, des personnalités comme André Giordan, Hubert Montagner, Claire Leconte, Antonella Verdiani... le soutiennent.

Ce qui est le plus étonnant pour une pétition, c'est le nombre et la qualité des commentaires qui accompagnent la majorité des signatures. Il y a, dans ces commentaires, l'expression d'une partie de l'opinion publique qui devrait interpeler tout politique, tous ceux qui ont un pouvoir dans l'école. La lecture de ces commentaires est passionnante et c'est un vrai "cri" qui s'élève."
Des enseignants mixent déjà pédagogies classiques et alternatives...

Certes, quelques techniques sont souvent saupoudrées par-ci, par là. Ici la rédaction va être remplacée par les textes libres (issus de la pédagogie Freinet), on va faire faire quelques exposés, là on va faire réaliser quelques numéros d'un journal scolaire ou un site internet, ailleurs on va utiliser quelques fichiers auto-correctifs... sans rien changer au reste.

Ce que l'on n'a pas compris, c'est que ces pédagogies ne sont pas faites que de quelques techniques ou matériel. Il s'agit vraiment d'une autre conception globale et cohérente des apprentissages, d'une modification profonde du rôle, de la position, de la posture des professeurs, de l'organisation et de l'aménagement des classes ou écoles, d'un autre regard porté sur les enfants et non plus des élèves, de l'abandon des références habituelles...

L'insertion de quelques techniques n'a pas changé grand chose à l'efficience de l'école et les "anti-pédagogues" n'ont pas tout à fait tort quand ils fustigent ce qu'ils appellent la pédagogie : lorsqu'on veut mettre un peu d'essence dans un moteur diésel ! Il y a vraiment un problème de cohérence sans laquelle aucun fonctionnement ne peut être harmonieux et efficient. Notre appel ne demande pas, pour l'instant, la généralisation des pédagogies dites nouvelles, il demande que l'une ou l'autre des approches puisse se réaliser dans des établissements cohérents, et être choisie.
Vous pourriez commencer par des expérimentations...

Nous ne sommes pas pour des écoles test : il devient absurde d'évaluer des pédagogies qui ont un siècle d'existence et dont peuvent témoigner des milliers d'anciens élèves, de parents et de profs. On peut imaginer que le ministère, comme toujours très prudent, instaure ce qu'il a l'habitude d'appeler des départements ou des académies pilotes. L'expérience nous a malheureusement appris qu'elles restent toujours sans suite quelles qu'en soient les réussites : les écoles ouvertes, les lycées autogérés... Ce que nous demandons, parce qu'il y a urgence pour les enfants, c'est une autre orientation globale de sa politique de la carte scolaire en y intégrant et rendant accessible la différence des approches éducatives.
Vous n'échapperez pas à la question concernant le coût de cette évolution...

Ces évolutions sont très simples et facilement réalisables sans besoin de loi, voire même sans grands besoins financiers. L'Etat débloque bien des moyens financiers pour aider l'agriculture biologique. Or, cette autre approche que nous demandons pourrait être qualifiée aussi "d'éducation biologique", puisque, comme pour l'agriculture bio, elle est fondée sur les grandes lois, corroborée par les scientifiques, qui régissent la vie.

De plus, pourquoi l'Etat reconnait et subventionne-t-il les écoles privées confessionnelles (prise en charge du salaire des enseignants) et refuse de le faire pour les écoles alternatives, entre autres Montessori, elles foncièrement laïques et hors de toute idéologie ? Toutes prouvent de plus leur efficience. Il y a une incohérence politique injustifiable et ce ne serait que faire une répartition équitable des moyens (il y a 60 000 postes d'enseignants promis !) et intégrer ces écoles dans le service public et laïc.

Le problème des coûts est un faux problème ou un problème prétexte, comme dans bien d'autres domaines.
Et sa mise en œuvre.

Il existe déjà des écoles où des enseignants de mouvements pédagogiques ont réussi peu à peu à se regrouper à la faveur des mouvements de mutation. Mais la pérennité pédagogique de ces écoles n'est pas assurée, il suffit d'un changement de directeur ou de professeurs pour qu'elles perdent leurs caractéristiques. Seules y échappent les rares qualifiées "d'innovantes" (écoles ouvertes comme Vitruve, écoles bilingues, l'école Freinet de Mons en Baroeul...), Pour celles-ci, il suffirait d'inclure aussi le choix des parents de leurs secteurs.

Il y a également d'assez nombreux projets élaborés collectivement par des enseignants et des parents d'un secteur, qui n'attendent qu'un feu vert des académies.

Le seul point à modifier finalement, ce sont les règles du mouvement des professeurs qui jusqu'à maintenant n'étaient pas liées au profil des postes (et donc des projets d'école).

L'opération pourrait s'effectuer dès cette rentrée.
Tous les parents ne connaissent pas les pédagogies alternatives. Comment les informer et leur permettre de faire un choix ?

Le problème de l'information est essentiel, c'est d'ailleurs une de nos demandes : que le ministère informe officiellement toutes les familles qu'il existe au moins deux grandes façons très différentes d'aborder les apprentissages et les conséquences qu'elles impliquent. Mais il est un fait que si la plupart des enseignants en ont au moins entendu parler, il n'en est pas de même pour la majorité des parents.
Pourquoi avoir lancé cet appel aujourd'hui ?

La lutte entre ces approches durent depuis un siècle ! Dans l'immédiat nous n'arriverons jamais à un consensus sur lequel pourrait se refonder l'école, ce d'autant que l'approche alternative que nous proposons au choix n'est mise en œuvre de façon globale que dans de rarissimes établissements publics.

Il est de fait que la fuite de l'école publique ne cesse d'augmenter, aussi bien vers des établissements privés accentuant l'approche classique que vers des écoles alternatives, que par la déscolarisation vers l'instruction en famille. Dans tous les cas, c'est en désespoir de cause, et, dans tous les cas, hors de la gratuité.

De même ne cesse d'augmenter la souffrance et les échec des enfants et adolescents. De même augmentent les difficultés et le mal-être des enseignants ne pouvant exercer leur métier tel ils le voudraient : dans une collaboration avec des collègues allant dans le même sens, sans le déni de leur administration, dans un partenariat avec des familles (elles aussi dans la souffrance et dans l'impuissance) ayant choisi la même option.

Notre appel ne fait que tenir compte d'un état de fait. Il est raisonnable et pacifierait l'école. Ce serait un premier pas qui ne provoquerait aucun cataclysme dans le système éducatif. Nous sommes conscients que cela n'est pas faisable en un jour pour tout l'hexagone. Nous sommes conscients que ce sont aussi un certain nombre d'habitus qui devront se modifier. Mais nous demandons que le processus soit entamé dès maintenant. Les enfants, eux, ne peuvent plus attendre.


En savoir + : Les études sur les pédagogies alternatives

« Il y a peu d'études sur les pédagogies alternatives en France.

- En 1989, lorsque le ministère de l'Education Nationale a voulu éradiquer les classes uniques (c'est là que les pédagogies actives étaient le plus pratiquées, c'est là aussi que "l'école du 3ème type" est née), il a demandé à Françoise Oeuvrard, du département de l'évaluation et de la prospective du ministère, de faire une étude sur leurs résultats. A la surprise générale, les résultats de ces classes uniques étaient supérieurs à la moyenne nationale ! Ce qui n’a pas empêché l’administration de poursuivre imperturbablement leur éradication, contre le plus souvent la volonté des parents et des villages. Les petits établissements scolaires, paru en 1990, repris en 2003 dans Les performances de l'école rurale.

- De 2005 à 2010, une équipe pluridisciplinaire de l'Université de Lille sous la direction de Yves Reuter a observé pendant cinq ans l'école Freinet de Mons en Baroeul. Ses conclusions sont sans appel : diminution plus que significative de ce qu'on appelle l'échec scolaire, réduction spectaculaire de la violence (école en banlieue difficile), transformation remarquable des comportements. Le rapport est passé à la poubelle comme bien d'autres. »

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Recit parle de nous dans "l'actualité de Récit n°48"

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Article paru sur cursus.edu

Appel pour changer l'école publique

Créé le lundi 9 juin 2014  |  Mise à jour le mardi 10 juin 2014

Appel pour changer l'école publique

Depuis des décennies, les acteurs de l’éducation ont travaillé à faire en sorte que tous aient accès aux mêmes opportunités et à la même qualité d’enseignement, à de bonnes conditions de travail et à des ressources suffisantes.  Tout ceci semble acquis et un modèle s’est presque cimenté dans les structures et les mentalités.

De nouvelles bases

Avec l’arrivée des TIC, l’accès aux ressources n’est plus un enjeu et l’uniformisation ne tient plus qu’à une chose : l’uniformisation de l’accès. Le maître-mot est maintenant la personnalisation : on a tous des besoins différents et nous vivons tous dans des environnements différents.  Dès lors, une approche pédagogique uniforme paraît un archaïsme de l’ère industrielle. Nous sommes entrés dans l’ère de l’information.

L’enseignement change, indéniablement, mais la structure résiste.  Elle résiste malgré le fait que ses acteurs travaillent à la changer.  Elle résiste parce qu’elle est cohérente et qu’elle s’appuie sur des fondements légaux. Ces fondements qui déterminent les manières de faire (lieu, moment, séquence, intention) et de là, l’organisation. Celle-ci est maintenant si solide et avec tant de ramifications sociales, institutionnelles ou syndicales, qu’en changer paraît difficile sans provoquer des bouleversements. Difficile peut-être, mais pas impossible.

Un appel

L’«Appel pour pouvoir choisir une alternative à l'école traditionnelle dans l'école publique» a récemment récolté plusieurs milliers d’appuis en une semaine.  Il propose une démarche transitoire qui permettrait à des écoles ou des parties d’écoles d’offrir différentes approches pédagogiques et de commencer une transition vers une école mieux intégrée à sa communauté.

Tous ne sont pas à l’aise dans le modèle scolaire traditionnel, certains diront que seuls ceux à qui ce modèle réussit le chérissent, et même eux apprécieraient sans doute plus de souplesse. Les 80 % des autres pourraient mieux s’épanouir autrement, ou du moins pourraient être intéressés à essayer autre chose.

Voici une occasion de demander à pouvoir essayer…

Signer l’appel :

http://appelecolesdifferentes.blogspot.fr/p/actualites-de-lappel.html

À Thot Cursus, depuis près de 15 ans nous présentons diverses alternatives en éducation. Nous constatons que l’intégration réussie des TIC ne se produit qu’avec une remise en question des rapports pédagogiques et des responsabilités entre les enseignants, les étudiants et les administrateurs.  Voici une occasion d’améliorer les choses.

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